Le marxisme a besoin d’une philosophie du langage

Une philosophie marxiste du langage est possible et nécessaire. Dans ce texte, Jean-Jacques Lecercle exprime de façon concise les traits principaux d’une telle philosophie. Son acte fondateur, pensé avec Gramsci, consiste à rompre avec une vision intemporelle, héritée de Saussure, pour laquelle le langage n’est qu’un système clos. Le langage est inséparable de phénomènes extra-langagiers, des rituels et des pratiques inscrites dans des appareils idéologiques d’État. Tirer profit de cette complexité du langage, de son caractère historique, c’est concevoir toute lutte de classe comme lutte dans l’élément du langage, comme processus d’interpellation et de contre-interpellation. C’est concevoir le langage comme praxis.

Littérateurs de tous les pays, unissez-vous !

Le concept récent de « littérature mondiale » pose un défi considérable à la théorie marxiste du langage. Que faire de l’hégémonie de l’anglais sur toute la réception littéraire, notamment des pays du Sud ? Comment remettre en cause l’eurocentrisme au sein des études littéraires ? Jean-Jacques Lecercle propose une analyse de cette conjoncture et décrit les interventions théoriques qui ont cherché à résoudre cette contradiction. Dans cette entreprise, il fait état de la vitalité et de la résilience d’une philosophie marxiste du langage à même de penser l’universalité de la mondialisation du capital (et des résistances qu’elle rencontre), ainsi que la multiplicité des expériences et dialectes subalternes.

L’hypothèse communiste et la question de l’organisation

Quelles leçons politiques, stratégiques et organisationnelles peut-on tirer de la discussion philosophique sur le communisme ? C’est à cette question que se propose ici de répondre Peter Thomas, en replaçant le débat sur « l’hypothèse communiste » dans la perspective des théorisations de la forme-parti qui, de Lukács à l’opéraïsme en passant par Gramsci, ont émergé du mouvement ouvrier. Loin de toute fétichisation ou de toute critique abstraite du parti, l’auteur milite en faveur du réinvestissement de la figure gramscienne du « prince moderne », susceptible à ses yeux de promouvoir et de consolider les diverses luttes qui travaillent le présent historique.