[Guide de lecture] Pour un marxisme queer

Les études gays et lesbiennes et la théorie queer ont longtemps été produites à l’écart de la pensée marxiste. Pourtant, les premières théorisations gays et lesbiennes matérialistes ont été le fruit d’organisations ou de groupes se revendiquant du marxisme, des premiers mouvements pour les droits homosexuels de la social-démocratie allemande jusqu’aux fronts de libération des années 1970. Ces dernières années, un profond renouveau des études marxistes des sexualités a vu le jour. L’un de ses représentants, Peter Drucker, nous aide ici à y voir plus clair dans cette prolifération d’hybridations marxistes/queer, d’études critiques sur les mouvements révolutionnaires et la sexualité. Il met à jour les raisons de la dissociation entre militants contre l’hétérosexisme et mouvements communistes (à travers l’involution stalinienne) et les conditions d’une nouvelle convergence face à l’homonormativité et la cooptation des mouvements gays et lesbiens par le bloc au pouvoir.

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Le marxisme queer est à l’origine d’un corpus théorique qui réunit des concepts marxistes comme la classe, la réification et la totalité avec des concepts issus d’autres paradigmes, tels que la performativité, l’homonationalisme et l’intersectionalité.

Les racines du marxisme queer remontent aux premières interactions entre les mouvements socialistes et le mouvement d’émancipation des homosexuels (étudiés dans la première partie de ce guide de lecture). Le soutien de la social-démocratie allemande au Comité scientifique humanitaire a trouvé un écho dans la décriminalisation de l’homosexualité décidée par les bolchéviques en Russie. Alexandra Kollontai donna globalement le ton au sein du marxisme international dans les années 1920 avec son rejet de la répression des homosexuels. Dans une période plus récente en Amérique Latine, dans les années 1970 et 1980, alors que l’hégémonie du stalinisme s’affaiblissait et avec lui le puritanisme de la gauche en matière de sexualité, la rencontre entre les mouvements gays et le marxisme s’avéra particulièrement fructueuse au Nicaragua, au Brésil et au Mexique.

L’essor simultané ou presque de la Nouvelle Gauche marxiste et du mouvement de libération gay et lesbien dans les années 1960 a été propice au développement de courants politiques marxistes gays et lesbiens (présentés dans la seconde partie de ce guide). Le mouvement de libération gay basé à Londres fut notamment l’objet des travaux de Mario Mieli et David Fernbach. Dans les années 1990, la militante marxiste Leslie Feinberg contribua à poser les fondations de la libération des trans. Sur le plan théorique (comme on le retrouve dans la troisième partie de ce guide), les mœurs sexuelles antérieures au marxisme pré stalinien furent analysées plus en profondeur par Herbert Marcuse dans sa défense des « perversions » présentée dans Eros et la Civilisation. L’essai américain de John D’Emilio, Capitalism and GayIdentity, a fait le lien entre le travail « libre » sous le système capitaliste et la formation de l’identité. Profit and Pleasure, écrit parRosemary Hennessy, a été un texte essentiel qui synthétise les travaux marxistes antérieurs sur la sexualité à la veille de l’émergence du marxisme queer du 21e siècle.

Le marxisme queer à proprement parler (sujet de la principale et dernière partie de ce guide de lecture) est un produit de la croissance rapide des études queer de ce siècle, en particulier au sein des universités nord-américaines. Ces fondements académiques permettent d’expliquer sa concentration dans les pays impérialistes, où Alan Sears, Kevin Floyd, Peter Drucker et Holly Lewis ont toutes et tous produit des oeuvres marxistes queers importantes. On peut également trouver une composante du marxisme queer en Asie, notamment dans l’œuvre des taiwanais Ding Naifei et Petrus Liu.

Les marxistes queers dans leur ensemble ont une forte aversion à l’encontre du réductionnisme économiste. Ils et elles reconnaissent leur dette à l’égard des théoriciennes marxistes féministes telles qu’Iris Young, Johanna Brenner et Lise Vogel. Floyd par exemple a montré comment le concept de genre performatif inventé par Judith Butler peut et doit être historicisé. Les marxistes queers ont salué l’essor de l’analyse intersectionnelle et ont mis l’accent sur l’étude des luttes des trans (transféministes ?) comme combat d’avant-garde. Le racisme et l’impérialisme sont à leurs yeux des préoccupations centrales, pour lesquelles ils et elles s’inspirent de Jasbir Puar et de son concept d’homonationalisme. Dans le même temps, ils et elles insistent sur l’importance de la classe et explorent les dimensions sexuelles des différents concepts de l’économie politique marxiste (par exemple, la réification chez Floyd, la dérégulation chez Sears, le développement inégal et combiné et les ondes longues chez Drucker).

Les précurseurs (1) : aux prémices d’une politique marxiste de la sexualité

  • Lauritsen, John et David Thorstad 1995, The Early Homosexual Rights Movement (1864-1934), New York: Times Change.

Bien que le livre plus récent de Dan Healey fournisse une présentation plus documentée et plus complète de l’homosexualité dans la Russie révolutionnaire, la présentation proposée par Lauritsen et Thorstad des interactions entre les mouvements socialistes à leurs débuts et l’activisme homosexuel est toujours aussi pertinente et utile.

  • Drucker, Peter 1997, ‘Gays and the Left: Scratching the Surface’, Against the Current 68: 35–37, available at: <http://www.internationalviewpoint.org/spip.php?article1145>.

Une recension d’une anthologie sur les premiers mouvements socialistes et leur attitude à l’égard de l’homosexualité, qui offre des pistes pour les recherches à venir.

  • Rowbotham, Sheila 1977, ‘Edward Carpenter: Prophet of the New Life’, in Rowbotham and Jeffrey Weeks 1977, Socialism and the New Life: The Personal and Sexual Politics of Edward Carpenter and Havelock Ellis, London: Pluto Press, 1977.

Le portrait d’un dirigeant anglais du mouvement socialiste à ses débuts, qui fut aussi un militant actif notoire des droits des homosexuels, ainsi que le premier président de la British Society for the Study of Sex Psychology.

  • Healey, Dan 2001, Homosexual Desire in Revolutionary Russia: The Regulation of Sexual and Gender Dissent, Chicago: University of Chicago Press.

Un récit historique qui se penche de façon exhaustive sur les domaines de la recherche,  de la législation et de la politique en matière d’homosexualité pendant la Révolution Russe et les premières années de l’Union Soviétique.

  • Randall, Margaret 2000, ‘To Change Our Own Reality and the World: A Conversation with Lesbians in Nicaragua’, in Peter Drucker (ed.), Different Rainbows, London: Millivres/Gay Men’s Press.

Un dialogue entre militantes lesbiennes sandinistes qui révèle comment l’intolérance précoce du Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN) à l’égard de l’homosexualité fut remise en cause à la fois au niveau international et depuis l’intérieur, avec un certain succès.

  • Green, James N. 2000, ‘Desire and Militancy: Lesbians, Gays, and the Brazilian Workers Party’, in Peter Drucker (ed.), Different Rainbows, London: Millivres/Gay Men’s Press.
  • ———— 2012, ‘“Who Is the Macho who Wants to Kill Me?” Male Homosexuality, Revolutionary Masculinity, and the Brazilian Armed Struggle of the 1960s and 1970s’, Hispanic American Historical Review, 92, 3, 437-69.

Le second article étudie les comportements anti gays et lesbiennes au sein des guérillas guévaristes brésiliennes. Le premier est une présentation du militantisme gay et lesbien au sein du Parti des Travailleurs (PT) à ses débuts.

 

Les précurseurs (2) : marxisme et libération des gays et lesbiennes

  • Mieli, Mario 2008 [1977], Éléments de critique homosexuelle Italie : les années de plomb, Paris: Epel.

Une œuvre pionnière et singulière qui puise à la fois dans la force et l’originalité théorique de l’extrême gauche italienne de l’époque et dans le militantisme de Mieli au sein du London Gay Liberation Front (LGLF).

  • Fernbach, David 1981, The Spiral Path: A Gay Contribution to Human Survival, Boston/London: Alyson/Gay Men’s Press.

Autre dirigeant du LGLF, Fernbach explique le caractère unique de l’identité gay et lesbienne sous le capitalisme et expose une stratégie en faveur de la transformation sociale, sexuelle et écologique. Sa sensibilité maoïste transparaît dans son choix de la tactique du “front national” de 1941 à 1945 comme exemple positif.

  • Gough, Jamie and Mike MacNair 1985, Gay Liberation in the Eighties, London: Pluto Press.

L’analyse de l’hétérosexualité et de l’homosexualité comme des formes de fétichisme par Gough et MacNair – qui par certains aspects préfigure l’étude postérieure de la réification sexuelle effectuée par Kévin Floyd – pose les bases de leur approche marxiste d’une politique en faveur des lesbiennes et des gays.

  • Feinberg, Leslie 1998, Trans Liberation: Beyond Pink or Blue, Boston: Beacon Press.

Bien que dans ce livre le marxisme de Feinberg n’apparaisse pas explicitement comme tel, ce texte fondateur concernant la libération des trans’ anticipe de nombreuses prises de position postérieures du marxisme queer.

Premières approches marxistes des études gays et lesbiennes

  • Marcuse, Herbert 1966, Eros and Civilization: A Philosophical Inquiry into Freud, Boston: Beacon Press.

De loin l’œuvre la plus remarquable produite par la gauche freudienne. Les concepts exposés dans ce livre tels que “le principe de performance” (une forme spécifiquement capitaliste du “principe de réalité” inventé par Freud), la “répression surplus” (ou la « sur-répression » pour reprendre l’analogie travail socialement nécessaire/surtravail ?) en opposition à la répression “socialement nécessaire”, et la “désublimation répressive” ont eu une influence majeure sur le mouvement de libération des gays et lesbiennes pendant la période de la Nouvelle Gauche et encore aujourd’hui sur de nombreux marxistes queers.

  • D’Emilio, John 1983, ‘Capitalism and Gay Identity’, in Ann Snitow, Christine Stansell and Sharon Thompson (eds.) 1983, Powers of Desire: The Politics of Sexuality, New York: Monthly Review Press, available at: < https://rosswolfe.files.wordpress.com/2016/06/john-demilio-capitalism-and-gay-identity.pdf>.

Un essai fondateur, qui a eu un impact très important. Il fait le lien entre identité homosexuelle et « travail libre » sous le capitalisme.

  • Padgug, Robert 1989, ‘Sexual Matters: Rethinking Sexuality in History’, in Martin Duberman, Martha Vicinus and George Chauncey, Jr. (eds.) 1989, Hidden from History: Reclaiming the Gay and Lesbian Past, New York: Penguin.

Un argumentaire éclairant et en avance sur son temps en faveur d’une approche dialectique de l’histoire de la sexualité.

  • Ebert, Teresa 1996, ‘The Matter of Materialism’, and Donald Morton 1996, ‘Changing the Terms: (Virtual) Desire and (Actual) Reality’, in Morton (ed.), The Material Queer: A LesBiGay Cultural Studies Reader, Boulder: Westview Press.

Bien qu’empreints d’une certaine forme de sectarisme dans leur rejet de la théorie queer, ces articles savent reconnaître les travers idéalistes de cette théorie tout en identifiant ses racines dans les mutations de l’économie politique à l’ère du capitalisme néolibéral.

  • Escoffier, Jeffrey 1997, ‘The Political Economy of the Closet: Notes Towards an Economic History of Gay and Lesbian Life before Stonewall’, in Amy Gluckman and Betsy Reed, Homo Economics: Capitalism, Community and Lesbian and Gay Life, London: Routledge.

Un exposé pertinent sur la façon dont l’expansion de la scène commerciale gay a segmenté les communautés LGBTQI en fonction de leur classe, de leur race et de leur genre.

  • Valocchi, Steve 1999, ‘The Class-Inflected Nature of Gay Identity’, Social Problems, 46, 2: 207-24, available at: <http://web.archive.org/web/20010410191544/http://www.wcb.vcu.edu/wcb/schools/HAS/soc/nbryant/15/files/classandgayidentity.htm>.

Valocchi montre comment l’émergence de l’identité gay et l’essor des mouvements gay et lesbien ont pris des formes distinctes suivant des clivages de classes.

  • Drucker, Peter 2000, ‘Introduction: Remapping Sexualities’, and ‘Reinventing Liberation: Strategic Challenges for Lesbian/Gay Movements’, in Drucker (ed.), Different Rainbows, London: Millivres/Gay Men’s Press; ‘Reinventing Liberation’ available at: <http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article4879>.

Les contributions contenues dans cette introduction et cette conclusion furent ensuite intégrées dans une version revue et corrigée du livre marxiste queer Warped, que Drucker a publié postérieurement. Elles n’en demeurent pas moins des analyses intéressantes au sujet de la construction sociale inégale et combinée de la sexualité et des courants politiques d’émancipation sexuelle anti-eurocentristes et anti-impérialistes.

  • Hennessy, Rosemary 1994, ‘Queer Theory, Left Politics’, Rethinking Marxism, 7, 3: 85-111, available at: <http://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/08935699408658114> (restricted access).
  • ————— 2000, Profit and Pleasure: Sexual Identities in Late Capitalism. New York: Routledge.
  • ————— 2006, ‘Returning to Reproduction Queerly: Sex, Labor, Need’, Rethinking Marxism, 18, 3: 387-95, available at: <http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08935690600748074> (restricted access).

(Le livre Profit and Pleasure est la meilleure source pour aborder la pensée de Hennessy ; les articles sont indiqués dans le cas où ils seraient plus aisément accessibles.)

Même si dans Profit and Pleasure Hennessy ne se revendique pas du marxisme queer, ce livre emblématique est, par de nombreux aspects, une œuvre fondatrice du marxisme queer. Ses critiques de la théorie et du militantisme queer sont partagées par nombre de militant-e-s qui se définiront par la suitecomme « marxistes queers ». En plus de proposer une synthèse ambitieuse du féminisme lesbien avec le marxisme, ce livre montre l’utilité pour la théorie sexuelle de concepts comme celui de la surdétermination chez Althusser. Il définit une sphère des « besoins proscrits » (“outlawed needs”), « l’extérieur monstrueux du capitalisme qui le hante » (“the monstrous outside to capitalism that haunts it”), et invite à un examen critique des identités.

Marxisme queer

  • Cohen, Cathy J. 1997, ‘Punks, Bulldaggers, and Welfare Queens: The Radical Potential of Queer Politics?’, GLQ 3:4, 437-65, available at: <http://glq.dukejournals.org/content/3/4/437.citation> (restricted access).

Sans faire explicitement référence au marxisme, l’article de Cohen analyse avec lucidité les promesses   et surtout les pièges de la théorie et du militantisme queer en ayant pour perspective une politique de classe et antiraciste radicale.

  • Sears, Alan 2000, ‘Queer in a Lean World’, Against the Current, 89, available at: <http://www.solidarity-us.org/site/node/965>.
  • ————— 2005, ‘Queer Anti-Capitalism: What’s Left of Lesbian and Gay Liberation?’ Science and Society, 69, 1: 92–112, available at: <https://www.jstor.org/stable/40404230?seq=1#page_scan_tab_contents>.

L’oeuvre novatrice de Sears insiste sur la potentialité radicale des politiques queers tout en dénonçant la co-optation du mouvement gay et lesbien dominant à l’ère néolibérale de la « dérégulation morale ».

  • Floyd, Kevin 1998, ‘Making History: Marxism, Queer Theory, and Contradiction in the Future of American Studies’, Cultural Critique, 40: 167-201.
  • ————— 2006, ‘Lukács and Sexual Humanism’, Rethinking Marxism, 18, 3: 397-403, available at: < http://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/08935690600748108?src=recsys> (restricted access).
  • ————— 2009, The Reification of Desire: Toward a Queer Marxism, Minneapolis: University of Minnesota Press.
  • 2013, La Réification du Désir : vers un marxisme queer, Paris, Editions Amsterdam

(Le livre La Réification du désir est la meilleure source pour aborder la pensée de Floyd ; les articles sont indiqués dans le cas où ils seraient plus aisément accessibles.)

Floyd expose magistralement les racines historiques du concept de performativité inventé par Judith Butler, applique les concepts marxistes comme la totalité et la réification (en particulier telle que Lukacs la comprenait) à l’étude de la sexualité, et insiste sur l’importance politique de « l’usage du corps comme moyen d’accès au plaisir ». Cependant, il en vient au final à considérer la réification sexuelle, de même que l’objectification sexuelle, comme inévitable et même, par certains aspects, comme positive.

  • Wolf, Sherry 2009, Sexuality and Socialism: History, Politics and Theory of LGBT Liberation, Chicago: Haymarket Books.

Le livre de Wolf ne peut pas vraiment être classé dans la catégorie du marxisme queer, puisque l’auteure est une critique sévère de la théorie et du militantisme queer, opposée à l’usage du terme “queer”, et moins critique du mariage homosexuel que la plupart des marxistes qui s’identifient comme queer. Néanmoins, elle livre une analyse marxiste de bonne facture de la construction sociale de la sexualité et une défense ferme du courant lutte des classes du mouvement politique d’émancipation sexuelle.

  • Girard, Gabriel 2009, ‘Théories et militantismes queer: réflexion à partir de l’exemple français’, available at: <http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article14760>.

Girard expose d’un point de vue marxiste l’importancede la démonstration de Judith Butler selon laquelle non seulement le genre, mais aussi le sexe lui-même est socialement construit.

  • Rosenberg, Jordana and Amy Villarejo 2012, ‘Introduction: Queerness, Norms, Utopia’, GLQ, 18, 1: 1-18, and Christina Crosby, Lisa Duggan, Roderick Ferguson, Kevin Floyd, Miranda Joseph, Heather Love, Robert McRuer, Fred Moten, TaviaNyong’o, Jordana Rosenberg, Gayle Salamon, Dean Spade and Amy Villarejo 2012, ‘Queer Studies, Materialism, and Crisis’, GLQ, 18, 1: 127-47, available at: <http://glq.dukejournals.org/content/18/1.toc> (restricted access).

Le numéro special de GLQ consacré à la crise, qui inclut ces deux articles, se trouve être un point haut des tentatives de la théorie queer récente de construire des liens avec le marxisme, même si la majorité des participant-e-s semblèrent reculer devant la perspective d’une adhésion théorique pleine et entière à la totalité ou celle d’un engagement politique et se contenter d’un projet de transformation globale.

  • Arruzza, Cinzia 2013, Dangerous Liaisons: The Marriages and Divorces of Marxism and Feminism, London/Amsterdam/Pontypool: Resistance Books/IIRE/Merlin Press.

Une étude récente du marxisme au prisme du féminisme qui offre une place particulière aux contributions de la théorie queer.

  • Camfield, David 2014, ‘Theoretical Foundations of an Anti-Racist Queer Feminist Historical Materialism’, Critical Sociology, available at: <http://crs.sagepub.com/content/early/2014/02/17/0896920513507790.abstract?rss=1&patientinform-links=yes&legid=spcrs;0896920513507790v1>.

Dans le même ordre d’idée, un panorama contemporain particulièrement sensible aux problématiques queer.

  • Drucker, Peter 2010, ‘The New Sexual Radicalism: Socialist Feminist Reflections on Queer Activism’, Against the Current 146: 23–8, available at: < https://www.solidarity-us.org/node/2803>.
  • ————— 2014, ‘La fragmentation des identités LGBT à l’ère du néolibéralisme’, Période, availableat:<http://revueperiode.net/la-fragmentation-des-identites-lgbt-a-lere-du-neoliberalisme/>.
  • ————— 2014, ‘Conceptions of Sexual Freedom in Marcuse, Foucault and Rubin’, in Journal of the International Network of Sexual Ethics and Politics (INSEP), vol. 2, no. 2, available at: <http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35687>.
  • ————— 2015, Warped: Gay Normality and Queer Anti-Capitalism, Leiden/Chicago: Brill/Haymarket.
  • ————— 2015, ‘Gay Normality and Queer Transformation’, inZapruder World: International Journal for the History of Social Conflict, vol. 2, available at: <http://zapruderworld.org/content/peter-drucker-gay-normality-and-queer-transformation>.

(Le livre Warpedest la meilleure source pour aborder la pensée marxiste queer de Drucker ; les articles sont indiqués dans le cas où ils seraient plus aisément accessibles.)

Warped est un livre ambitieux qui entreprend plusieurs projets distincts dans le même temps : c’est d’abord un éclairage porté sur l’histoire de la sexualité à travers le concept de « samesex formations », lié spécifiquement sous le capitalisme à différents régimes d’accumulation. C’est aussi une analyse marxiste de « l’homonormativité » (Lisa Duggan) et de “l’homonationalisme” (Jasbir Puar) qui les lie au néolibéralisme et à la mondialisation néolibérale. C’est enfin une amorce de politique queer radicale qui prône à la fois l’apport d’une perspective lutte des classes, féministe et antiraciste aux problématiques sexuelles et l’incorporation de la théorie queer par le mouvement ouvrier et les autres mouvements sociaux de masse.

  • Liu, Petrus 2015, Queer Marxism in Two Chinas, Durham: Duke University Press.

Un livre captivant qui dresse un parallèle entre les théoricien-ne-s et les militant-e-s queers de Taiwan et celles et ceux qui vivent en République Populaire de Chine et continuent à se débattre avec l’héritage du Maoïsme.

  • Alderson, David, 2016, Sex, Needs and Queer Culture: From Liberation to the Post-Gay, London: Zed.

Alderson affirme que, alors même que le capitalisme est « progressiste pour les queers » dans la mesure où « il rend le sexe profane », il se caractérise sous les conditions du « dominant diversifié » par « l’incitation répressive » (une sorte de variante foucaldienne du concept marcusien). Il est sensible (à l’instar de Floyd mais contrairement à Hennessy et à Drucker) à ce qu’il considère être l’aspect positif de la réification.

  • Lewis, Holly, 2016, The Politics of Everybody: Feminism, Queer Theory and Marxism at the Intersection, London: Zed.

The Politics of Everybody constitueun apport considérable au corpus florissant des œuvres du marxisme queer, qui contribue de façon très précieuse à la compréhension de la portée de la théorie de la reproduction sociale pour la sexualité et des implications de cette théorie pour les luttes trans’. Tandis que, contrairement à Sherry Wolf, Lewis se définit comme une féministe marxiste queer et approuve les critiques de l’homonationalisme et de la transnormativité, dans le même temps, à l’instar de Wolf, elle rejette le concept connexe d’homonormativité et se montre peu critique vis à vis du mariage homosexuel.

  • Drucker, Peter 2016, ‘Homonationalism, Heteronationalism, and LGBTI Rights in the EU’, Public Seminar, available at: <http://www.publicseminar.org/2016/08/homonationalism-heteronationalism-and-lgbti-rights-in-the-eu/#.WISfn4V9G3c>.

En créant le concept d’hétéronationalisme (compris comme le déploiement de préjugés anti-LGBTI en défense d’identités nationales perçues comme menacées), cet article plaide en faveur d’une réponse queer internationaliste face au cercle vicieux des nationalismes « pro » et anti LGBTI qui ne cesse de s’aggraver.

Traduit depuis l’anglais par Gregory Bekhtari.

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Peter Drucker