« Je est un autre »
(Arthur Rimbaud)
« Qui es-tu ? Rien. Tu es séparé. De qui ? De moi ? Achète-toi un moi à tempérament si tu veux, ou morceau par morceau. Ce qu’on a, on l’a. Et ce qu’on a c’est ce qu’on est. Alors, toi qui as la possibilité d’être, deviens ! Unis-toi à moi ; moi, je suis toi ».
Le miroir magique
« Miroir gentil petit miroir, dis-moi
Qui est la plus belle de tout le pays,
a grandi et il est devenu insolent, il a fait sauter son cadre, il est descendu dans la rue, il s’est multiplié par mille.
Ô ville aux mille miroirs, aux mille miroirs magiques où se mirent les femmes… »
(Ernst Fischer)
« À certains égards il en va de l’homme comme de la marchandise. Comme il ne vient pas au monde muni d’un miroir, ni de la formule du moi fichtéen, l’homme se regarde d’abord dans le miroir d’un autre homme. C’est seulement par sa relation à l’homme Paul son semblable, que l’homme Pierre se réfère à lui-même en tant qu’homme. Mais, ce faisant, le Paul en question, avec toute sa corporéité paulinienne, en chair et en os, est également reconnu par lui comme forme phénoménale du genre humain ».
(Le Capital, chap. I, note 18)
Marx était un type qui sortait peu. A part sa promenade digestive quotidienne, il fallait vraiment le supplier. Peu probable donc qu’il ait fréquenté les grands lieux d’amusement londoniens.
À Margate pourtant, ou à Eastbourne, ou encore à Ramsgate, il n’a pu éviter le spectacle étrange du peuple entrant en file impatiente dans les « galeries des glaces » et ressortant du labyrinthe, à l’autre bout de la baraque, ivre d’images multipliées, de visions de soi tordues par les échos optiques, effaré d’avoir retrouvé la sortie.
La galerie des glaces, Marx connaît : il en a construit une de ses mains, l’a dix fois démontée, remontée, y a fait passer l’ami Engels dans les couloirs avant de l’ouvrir au public, et, pour finir, laissé les usagers de l’avenir sans mode d’emploi.
Disons qu’à tout le moins il nous a abondamment autorisés à utiliser cette métaphore pour désigner ici la partie de son œuvre qui lui a posé le plus de problèmes et où les lecteurs continuent de tâtonner longtemps, et même de se perdre : le chapitre 1 du Capital.
Une histoire de lumière
À peine suggérée, cette métaphore doit bien sûr être relativisée ; plus exactement nous verrons qu’elle implique une construction plus complexe que ce que donne à voir cette image de foire. Mais il est indéniable que le paysage sémantique dans lequel Marx effectue le dur parcours préliminaire qui aboutira, en son temps et chapitre, à la contradiction de la formule générale du capital (hic Rhodus, hic salta…), est dominé par les références à la vision, à l’optique, à la lumière — et reprend donc indirectement les éléments d’illustration du discours philosophique classique. En ce sens, la première ligne du Capital « La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste apparaît comme une gigantesque « collection de marchandises » etc » inscrit la démarche de l’auteur-chercheur dans la tradition des redressements de l’illusion perceptive dont Descartes a légué la parabole classique avec ses tours rondes ou carrées, et son bâton brisé, tandis que, dans la coulisse, l’infatigable Spinoza continue de fourbir des verres à voir presque aussi clair que dans les lunettes bleues de l’étudiant Hofmann.
Il faudrait pour mesurer la force effective de cette métaphore générale de la lumière et de la perception, repérer puis analyser le statut du verbe erscheinen (apparaître, se manifester) dans l’ensemble de son œuvre. Les traducteurs venus d’ailleurs en trouvent l’emploi répété si atypique qu’ils proposent parfois de « simplifier » et de traduire tout simplement par « être ». On peut effectivement prendre leur gêne au sérieux : là où la langue descriptive ordinaire énonce des « être » (donc des vérités), Marx prend une sorte de précaution systématique, une espèce de pincette heuristique-linguistique. Son « apparaît comme » est intermédiaire entre l’énoncé de vérité et l’annonce d’un faux-semblant : tout ce qu’il dit est en attente — mais, précisément, c’est une façon supplémentaire de faire fonctionner son discours comme un processus. Tel est donc le début : placé sous le signe des verres.
Il y a un autre arrière-plan sémantique à ce jeu, une référence plus discrète : Hegel. Quelque part un miroir hégélien dans l’optique.
Hegel est le premier philosophe allemand qui s’efforce, dès la Realphilosophie d’Iena (1805-1806), de penser l’apport de l’économie politique à la connaissance spéculative, c’est-à-dire philosophique, c’est-à-dire scientifique (speculum = Spiegel… on y vient) de la société et de l’État. Or Hegel utilise pour ce dire un verbe voisin de erscheint als, savoir scheinen in…, ce qui signifie « projeter une lueur dans ». Il n’y a pas là de laxisme souabe, mais un choix délibéré : l’économie politique projette dans le fourmillement paradoxal et apparemment irrationnel des comportements sociaux, dans la jungle sans loi des intérêts individuels, une apparence de rationalité qui n’est que la seule lumière de l’entendement. C’est déjà beaucoup, mais ce n’est qu’un moment de la connaissance. Ce disant, il assigne à cette discipline un destin de pseudo-science dès lors qu’elle réclamerait le monopole du savoir sur son pseudo-objet.
L’économie politique pour Hegel est d’une certaine façon irrémédiablement bigleuse : même avec des verres de contact le professeur Raymond Barre sera toujours repris par l’idéologie apologétique (« vive le capital, y a qu’ça de vrai »), quand bien même il donnerait à penser par ce qu’il dit « qu’il ne dit que ce qui est ».
Lorsqu’il écrit le Capital, Marx s’est éloigné de la période des renversements juvéniles de la philosophie sur le canapé de l’histoire ou de la praxis. Mais les intuitions du vieil Hegel ont fait un retour en douceur. Entre autres celle-ci, donc.
Revenons au début du Capital.
Plus précisément à cet intrigant bilan du toujours récrit chapitre 1 intitulé « La marchandise », plus connu par le sous-titre : « Le caractère fétiche de la marchandise et son secret ».
Résumons :
Marx a amené la marchandise à la monnaie. Il conclut :
« La forme marchandise simple est donc le germe de la forme monnaie ». Il pourrait passer au procès d’échange, puis à la monnaie proprement dite.
Or, il s’arrête, il souffle, et compose, en attendant de reprendre, la célèbre digression sur le « fétiche ». Mais cette digression part, à la façon des rhapsodes, d’un rappel global de l’idée que Marx a en tête depuis le début : « A première vue [comme le soleil à 300 pas de Descartes — J.P. L.] une marchandise semble une chose toute ordinaire qui se comprend d’elle-même. On constate en l’analysant que c’est une chose extrêmement embrouillée, pleine de subtilités métaphysiques et de lubies théologiques… » Semble un être — Est un semblant.
À première vue… semble… Une page et demie plus loin : « Ce qu’il y a de mystérieux dans la forme marchandise consiste donc simplement en ceci qu’elle renvoie aux hommes l’image de caractères sociaux de leur propre travail comme des caractères objectifs des produits du travail eux-mêmes, comme des qualités sociales que ces choses posséderaient par nature : elle leur renvoie ainsi l’image du rapport social des producteurs au travail global, comme un rapport social existant en dehors d’eux, entre des objets. C’est ce quiproquo qui fait que les produits du travail deviennent des marchandises, des choses sensibles-suprasensibles, des choses sociales. De la même façon, l’impression lumineuse d’une chose sur le nerf optique ne se donne pas comme l’excitation du nerf optique proprement dit, mais comme forme objective d’une chose à l’extérieur de l’œil. Simplement, dans la vision, il y a effectivement de la lumière qui est projetée d’une chose, l’objet extérieur, vers une autre, l’œil. C’est un rapport physique entre des choses physiques. Tandis que… ».
1868. La photo existe. Le réflex non. L’image inversée, oui. Il pourrait s’agir là uniquement de comparaisons classiques (la pensée comme vision, « tu comprends ? »… « oui, je vois », etc.) éventuellement réactivées par la technologie de l’époque, semblables aux références chimiques qui illustrent la « teneur de la forme valeur relative » par l’acide butyrique et le formiate de propyle (ceci se passait avant le tableau de Mendeleiev). Mais il y a plus. Semblable au Velasquez peignant Velasquez peignant commenté par Michel Foucault dans Les Mots et les choses, Marx regarde le regard, examine l’examen, mire le miroir. Partout il se met de côté, montre des glaces la tranche ou le tain autant que les images en fuite.
Les situations spéculaires
Hegel avait déjà campé face à face le maître et son valet (et non l’esclave, comme ont dit faussement en France depuis longtemps). Avant lui Diderot, et d’autres. Marx introduit cette dimension dans l’économie politique.
D’une certaine manière, ça va de soi.
Le Capital est en effet un rapport apparemment spéculaire dans lequel des individus censément définis comme pairs se font face comme à leur propre image et entretiennent des rapports de familiarité et de confiance. Je suis M, tu es M. L’échange marchand a la pureté théorique du reflet d’un miroir non déformant. D’où l’importance du terme gleich dans l’analyse de l’échange. Ce terme veut dire à la fois égal (quantité) et identique (qualité, mon semblable mon frère, hypocrite vendeur…). C’est tout simple, comme une image dans un miroir, l’affaire est claire : personne en théorie ne vole personne, c’est comme si on troquait du même contre du même (simplement ça ne servirait à rien). Marx se tient le dos au public. A sa droite A, vendeur de toile, à sa gauche B, vendeur de bibles. Entre A et B, premier temps de la démonstration, le cadre du miroir est vide. A tend sa toile à B par le cadre, B tend ses bibles : échange — chacun range son achat dans un même cabas.
Et maintenant — dit Marx en aparté vers le public ébahi — je mets une vraie glace face à chacun, puis — « de plus en plus difficile » — une glace sans tain face à B qui ne voit rien et croit faire affaire, narcissiquement c’est humain, — avec sa propre image (il ne va tout de même pas se rouler lui-même…) tandis que A observe goguenard la victime du truc, sa victime, à qui il refile en douce une marchandise frelatée tout en subtilisant la bonne camelote de B.
Puis, claquement de mains, on apporte deux autres, puis dix, vingt, trente miroirs mystérieux comme les Paravents de Genêt. Forme valeur générale. Le projectionniste fait son travail, les acteurs glissent d’un miroir à l’autre, le public ne voit plus qui est une image dans un miroir, qui un individu de chair et d’os. Tous se ressemblent, tous sont semblables. Tout est prêt pour l’apothéose de la circulation simple. Et l’Or entre dans un grand fracas de cymbales, marchandise générale, miroir géant par où passent toutes les transactions qu’un habile deus ex machina scinde, aussitôt l’ébahissement du public passé, en un nombre égal de miroirs rectangulaires de mêmes dimensions.
Ce labyrinthe vivant, mesdames et messieurs, a été construit sous vos yeux, le spectacle (speculum – spectaculum) n’est pas terminé. Vous n’êtes qu’au début de l’histoire. Admirez, en attendant les grands mystères de la deuxième partie (l’accumulation), le ballet rigoureusement circulaire de l’échange simple (Quadrille dans la galerie des glaces).
Alors, et d’un seul coup, les multiples miroirs éclatent en une poussière d’étincelles qu’une soufflerie astucieuse fait tournoyer autour des échangistes avant de l’expédier dans la salle.
Loin de nous, bien sûr, l’idée de trouver cette fantasmagorie dans le chapitre I. Elle en est une virtualité imaginaire. Mais elle est liée métaphoriquement au travail qu’effectue Marx ici, à la façon systématique de Spinoza, pour écarter d’emblée toutes les chausse-trapes, raisonnements spécieux, et autres effets d’illusion etc qui pourraient ultérieurement venir compromettre la cohérence de sa critique : toutes les équations possibles et imaginables sont posées à partir des caractères doubles de la marchandise (valeur d’échange — quantité — valeur d’usage — qualité), selon une progression qui va de la forme valeur simple (x marchandise A = Y marchandise B) à la forme monnaie (20 aunes de toile = 2 onces d’or) en passant par la forme valeur relative développée puis par la forme valeur générale, ou universelle. Sans cette série d’équations spéculaires, tout le dispositif de la théorie de la valeur, dont dépend la mise en évidence de la contradiction de la formule générale du capital, serait suspect. La métaphore du miroir — est d’ailleurs discrète dans le texte — vient renforcer en quelque sorte l’expression de l’identité formulée par le signe mathématique =, donne l’homogénéité de la lumière à l’idée de la substance unique de la valeur (le temps de travail social moyen nécessaire à la reproduction d’une marchandise). Elle permet aussi de jouer sur le caractère double de la marchandise : l’identique se perçoit, se reconnaît, dans le différent. Le différent renvoie le même. Dans l’échange simple, une valeur d’usage x renvoie à une autre valeur d’usage Y la valeur d’échange qu’elle n’aurait pu percevoir autrement. Chaque marchandise est en même temps soi-même et miroir d’une autre marchandise, miroir de la valeur. En ce sens, il n’y a pas de miroir à proprement parler, ou plutôt tout est miroir, reflète la valeur d’échange d’autrui.
Il faut faire intervenir ici un autre élément souterrain du texte de Marx, et, par-delà le texte proprement dit, de la théorie même en ce qu’elle comporte d’inconscient ou de subconscient : les mathématiques.
La métaphore des miroirs et de la lumière est sans doute la plus adéquate à la formulation parlée des longues séries d’équations que Marx a étirées à longueur de manuscrit dans les années qui précèdent la rédaction du Capital. La trame de la démonstration, qu’il veut imparable comme une déduction mathématique, est rigoureusement nouée à toutes ses intersections par une séquence de signes = qui séparent des éléments différents (I bible = 20 aunes de toile = 2 onces = etc.). Qu’un seul signe = soit mal placé, et tout s’interrompt : la lumière émise dans le premier miroir se perdra définitivement si l’un de ces miroirs venait à ne pas la renvoyer, la laissait passer à travers lui, ou l’absorbait comme un trou noir.
On sait les obsessions de Marx fixées sur ce signe de l’équivalence. Il lui arrive de remplir trois lignes pour aller de 8000/4000 à 2. Son texte — c’est plus net encore dans les manuscrits de 1857-1858 (dits Grundrisse) — est littéralement saoul de cet alcool. Il a, dans sa logique s’entend, raison : un seul trou et tout s’effondre. Il joue serré.
De la même façon ses énoncés sont infusés de formules d’équivalence portées par la préposition ou (en allemand oder). Elles n’ont pratiquement jamais le sens d’une alternative, mais celui de la redite. Redite qui n’a pas de justification stylistique mais rappelle au lecteur, de manière plus ou moins développée — ça peut parfois être très long — la grande séquence sans laquelle tout s’effondre, qu’on peut appeler chaîne de réflexivité non tautologique. Cette démarche et ce style même rappellent fortement Spinoza, pas uniquement le célèbre ou bien diabolique Deus sive Natura, mais le discours « ordinaire » de l’Éthique (more geometrico demonstrata… chez Marx, c’est plutôt more algebrico…).
Ceci ne constituerait cependant encore qu’une fonction spéculaire simplement surajoutée, comme un service rendu, à l’échange concret des valeurs d’usages qui intéressent les contractants, correspondent à leur besoin.
Plus important sans doute le fait qu’il s’agisse d’une situation spéculaire. Qu’est-ce à dire ?
C’est-à-dire que le noyau de l’exploitation capitaliste se situe selon Marx dans l’illusion spéculaire que le vendeur de force de travail, de marchandise donc, se trouve sur le marché dans une position de pair face à l’acheteur de celle-ci. Disons : il pense procéder à un échange simple, équivalent, de marchandises égales en valeur ; autrement dit il croit reconnaître sa valeur (la valeur de sa force de travail) dans le salaire (en quoi il n’a pas tort) qui est une marchandise monétaire, mais il est une chose qu’il ne voit pas dans cet instantané, parce que les valeurs d’usage ne se reflètent pas l’une dans l’autre, c’est que la valeur d’usage de sa force de travail ainsi vendue contre un salaire, est précisément, dans la consommation productive qu’en fait (qu’en fera tout à l’heure) le capitaliste, de produire plus de valeur. Dans le mode de production et d’échange capitaliste, l’échange — s’agissant de la marchandise force de travail — est toujours inégal mais la condition de possibilité de cette inégalité est que l’échange semble égal. Autrement dit, la marchandise force de travail est la seule valeur d’usage qui soit un mauvais miroir de la valeur d’échange, car si elle était un bon miroir, le système ne fonctionnerait pas, l’argent du capitaliste ne s’amuserait pas à venir s’échanger contre lui-même.
C’est ici qu’intervient l’idéologie, cet autre miroir traqué depuis les années 1840, et au besoin la note 18 du livre 1 du Capital, parente des réflexions du jeune Marx sur l’homme abstrait. L’homme abstrait, le libre propriétaire des droits de l’Homme et du Citoyen, le bourgeois, est posé égal en valeur (d’échange éternel) à autrui, par-delà les différences d’usage qu’on fait de tout un chacun. L’égalité spéculaire devant Dieu, mais sécularisée par la monnaie. Pierre et Paul, c’est tout autre chose que le maître et son valet. Du moins au moment du contrat. Dans l’usine, c’est autre chose. Et chacun chez soi, c’est sans doute pire encore pour ce qui est de la différence. Mais peu importe, pourvu que chacun repasse assez souvent devant le miroir de l’identité-égalité. Assez souvent pour entretenir le plaisir du moment génétique fondamental où le moi se constitue pour la première fois, saisit son unité dans celle d’autrui et devient définitivement pour lui-même une image. Je = un autre. L’autre = l’alter ego.
Dans l’expérience spéculaire de l’échange, le morcellement du travailleur s’abolit, la force de travail (sujet) retrouve les moyens de travail (son corps) :
Plaisir d’échange ne dure qu’un moment,
Travail, travail dure toute la vie.
Pourquoi, sinon, la joie, l’arrosage souvent de la première paye ? Après, mais après seulement, on en bave au turbin, on se fait suer dans un boulot pas marrant. On ne travaille pas, fût-on coiffeur, devant son image. Ce serait le monde à l’envers.
Mais au soir de la semaine, qui n’est pas le dimanche de la vie, ou à la fin du mois, on retournera dans l’étrange galerie des glaces où passent et repassent depuis deux siècles des millions d’hommes, au grand comptoir du salaire où ne se fournit pas que le manger et le boire, mais le plaisir fugitif d’une image de soi, dans le reflet érotique de l’argent.
Et dans le chômage il y aura aussi cette perte-là.
Article initialement paru dans La Pensée, N°243, janvier-février 1985.