[Guide de lecture] La lutte armée en France et en Europe

Le plus souvent, on aborde l’histoire de la lutte armée en France et en Europe par la fin, c’est-à-dire par l’enfermement de ses principaux protagonistes. Cette histoire se trouve alors réduite à un épisode marginal, aussi bref que malheureux, que les portraits des membres d’Action Directe ou de la RAF diffusés par la presse suffiraient à la fois à expliquer et à enterrer. À rebours de cette conception journalistique de l’histoire, Aurélien Dubuisson situe ici l’émergence des groupes armés dans l’explosion subversive de Mai 68 et dans la multiplicité des trajectoires militantes qui y convergèrent. De l’importation de la littérature sud-américaine de guérilla à la constitution européenne d’un front armé transnational en passant par la traduction occidentale du maoïsme et par le développement de tactiques d’autodéfense dans l’aire de l’Autonomie, il dresse la cartographie d’un Kampfplatz prolétarien dont ni les condamnations morales, ni la fétichisation romantique ne sauraient épuiser la richesse.

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Pour appréhender l’histoire des groupes armés apparus en Europe après Mai 68, il convient avant tout de considérer leur hétérogénéité et la variété des trajectoires militantes. Pour illustrer cette idée, je partirai des propos recueillis auprès d’une membre d’Action Directe (AD) qui insiste sur la dimension kaléidoscopique des parcours des militants du groupe :

Quand la cause est humaine on doit se donner à cent pour cent. Il n’y a rien qui a de la valeur dans ce monde, rien. On peut se faire plaisir quand on a les moyens, mais quand on n’a pas les moyens c’est impossible. Quand on a les moyens financiers on peut s’enfermer dans un petit monde, un petit monde artistique, faire de la peinture, des structures, de la sculpture, des tas de choses. Et se donner entièrement à ces choses-là. Mais ce sont des tous petits milieux qui sont complètement individualistes, égocentristes. Or le monde c’est pas ça. Ça fait partie du monde mais ça n’en est pas représentatif. C’est un point en particulier dans une multitude de points qui constituent le monde. Tous ces points doivent être liés entre eux. Sur une main tu as cinq doigts qui sont autant de sphères différentes constituant la société. Fermons notre main, levons le poing, réunissons le monde.

Réunir des militants aux traditions politiques et aux histoires différentes c’est ce que certains ont essayé de faire à l’image d’AD. Pour comprendre l’émergence d’une telle organisation, il faut s’écarter de la littérature grise ou des visions journalistiques qui réduisent généralement le phénomène à quelques lieux communs. Il est donc nécessaire de se doter d’une bibliographie qui joue sur les échelles, parte du général au particulier, de l’international au local et qui considère la mémoire comme un enjeu central dans la constitution de l’identité combattante de ces organisations.

Dès la fin de la décennie 1960, des ouvrages clefs qui mettent en avant la nécessité de la violence révolutionnaire sont publiés en Europe. Certains promeuvent une stratégie nécessaire à la guérilla pour l’emporter. C’est le cas par exemple du livre de Régis Debray, Révolution dans la révolution ? 1 paru en 1967 en France aux éditions Maspero. Il met en avant l’efficacité de la guérilla telle qu’elle a été pratiquée par les révolutionnaires cubain à travers le foquisme. L’ouvrage rencontre un certain succès auprès d’une génération de jeunes révolutionnaires inspirés par Fidel Castro et Ernesto Guevara. L’engouement provoqué par ce texte est intensifié par l’hostilité du pouvoir qui perçoit la littérature importée d’Amérique latine comme un instrument de subversion2 Parallèlement les éditeurs mettent aussi l’accent sur la pratique à travers la publication de manuels de guérilla qui sont autant d’abécédaires permettant aux européens d’étayer leur pratique. Ainsi, dès 1962, François Maspero publie la Guerre de guérilla3 d’Ernesto Guevara dans lequel on trouve un descriptif de l’ensemble des méthodes à appliquer pour qu’une guérilla triomphe. L’auteur s’attarde notamment sur un certain nombre de points tactiques permettant tour à tour de fuir puis d’attaquer efficacement l’ennemi. On retrouve aussi tout un volet pratique où l’on apprend par exemple comment fabriquer un lanceur de cocktails Molotov.

Suivant cette trame, il faut citer un autre ouvrage dont le succès découle très largement de la censure du ministre de l’Intérieur d’alors Raymond Marcellin : le Manuel du guérillero urbain 4 du brésilien Carlos Marighella. Publié une première fois par François Maspero en 1970, il tombe sous le coup de la censure. En réaction, vingt-et-un éditeurs décident de le publier collectivement, ce qui participe largement à sa médiatisation. L’ouvrage provoque l’enthousiasme et inspire quelques groupes de lutte armée en Europe à l’image du Movimiento Ibérico de Liberación (MIL) comme l’indique Jean-Marc Rouillan :

[…] Le manuel de Carlos Marighella est toujours sur la commode du salon. Son texte résonne encore à mon insomnie. Les membres du MIL l’ont lu et relu. Quelquefois on en cite un extrait, qui se plaque alors sur l’instant comme une citation en noir et blanc dans un film de Godard. […] 5.

La circulation de ces textes joue un rôle très important dans la construction de l’identité combattante des militants soixante-huitards. Le corpus idéologique et pratique des groupes européens est enrichi par la littérature latino-américaine mais aussi asiatique notamment à travers les publications des Éditions en langue étrangère de Pékin. Contrairement aux ouvrages précédemment cités, ces éditions n’encouragent pas les européens à constituer des groupes armés. Néanmoins certains militants, dont les dirigeants de la Gauche Prolétarienne (GP), s’appuient sur ces textes pour produire une littérature d’inspiration maoïste et adaptée à la situation française. Ces textes syncrétiques, mêlant références au maoïsme et à la Résistance6, entendent ainsi justifier le rôle fondamental que doit jouer la lutte armée dans une révolution. À ce sujet il est intéressant de se reporter à l’ouvrage d’Alain Geismar, Serge July et Erlyn Morane, Vers la guerre civile, et particulièrement à la partie traitant de la lutte armée7. D’autres brochures de l’époque révèlent ce fonctionnement. On peut évoquer ici le premier numéro des Cahiers Prolétariens de la GP dont le positionnement au sujet de l’illégalisme est sans ambiguïtés :

Appliquant la pensée Mao Tsé-Toung à la réalité française, nous avons défini et appliqué une pratique politico-militaire originale, une guérilla originale que nous avons appelé lutte violente de partisans. Cette lutte violente, du point de vue politique, s’attaque à l’autorité de l’État et du syndicalisme, dans la mesure où cette autorité impose aux masses une idéologie étrangère, le légalisme, c’est-à-dire la soumission à l’ordre bourgeois 8.

Si des documents extra-européens ont eu une importance majeure, il faut aussi souligner la centralité d’autres textes produits cette fois-ci en Europe. Ceux publiés par la RAF en 1971 et diffusés en France dès 1972 par les éditions Champs Libre 9 sont révélateurs de cette tendance. L’organisation allemande bénéficie alors d’une aura importante et ses thèses influencent particulièrement les militants engagés dans la lutte armée. Dans cet ouvrage, le texte Sur la lutte armée en Europe Occidentale insiste sur la dimension transnationale de la guérilla et dessine déjà les contours du projet d’unification de groupes armés européens développé par la RAF et Action Directe au début de la décennie 1980. Si la situation allemande est attractive, il faut aussi mentionner le rôle joué par les italiens en Europe. Les thèses et la pratique italienne influencent les militants français et l’Autonomie joue un rôle prépondérant en France dès 1974. Les thèses d’Antonio Negri et de Mario Tronti sont diffusées dans l’hexagone par l’intermédiaire de Yann Moulier-Boutang et de sa revue Camarades. Le supplément du numéro 4 diffusé en mai 1977 et intitulé Autonomie et Autodéfense 10, illustre le rôle qu’a joué cette revue dans la mise en relations des différents groupes armés français de la fin de la décennie 1970 :

[…] La violence n’est pas un phénomène isolé : il y a sans cesse des luttes qui l’expriment en continuité avec des initiatives politico-militaires (NAPAP, GARI, FRI, FLNC, FLB, ETA). […] Nous sommes nombreux à penser qu’il ne suffit plus d’être des francs-tireurs, et à éprouver le besoin de lieux et de moments où toutes nos forces se rencontrent, s’épaulent, s’additionnent ; le besoin d’aller vers quelque chose comme un camp politique commun où chaque réseau, chaque groupe, chaque bande mènera ses initiatives, prendra ses décisions sur son terrain de préoccupation tout en discutant et agissant avec les autres sur des terrains choisis en commun. […]

 Cet appel formulé par Camarades et consistant à additionner toutes les forces se concrétise peu de temps après par la formation d’Action Directe et la réalisation de son premier attentat le 1 mai 1979. Une transition très bien décrite dans un ouvrage11 qui met en évidence la confluence de nombreux vecteurs permettant à un groupe comme AD d’apparaitre sur la scène politique française à la fin des années 1970. L’organisation va commettre quelques attentats mais plusieurs de ses membres se font rapidement interpeller. Arrive alors l’élection de François Mitterrand en 1981 et l’espoir d’une amnistie généreuse. À l’intérieur comme à l’extérieur des prisons une mobilisation débute en vue d’obtenir la libération de tous les militants politiques.

En octobre 1981 la majorité des membres d’Action Directe et des NAPAP sortent de prisons, tout comme un bon nombre d’Autonomes. S’ouvre alors une période d’intenses discussions entre ces militants donnant lieu à la publication de plusieurs textes et revues. La période allant des libérations de 1981 à la fin de l’année 1982 représente une séquence clef dans la redéfinition stratégique des groupes armés français et européens. Pour en prendre la mesure, on peut lire les deux brochures rédigées par Action Directe12 en 1982 et compléter cette lecture par les entretiens présents dans les annexes de l’ouvrage Le baptême du feu : la genèse d’Action Directe, les premières arrestations et l’amnistie de Mitterrand. (1979-1982) 13

Certains envisagent dès lors d’agir localement comme les militants issus d’Action Directe réunis au sein de l’Assemblée du 1er aout. D’autres décident quant à eux de fondre leur initiative dans un front de guérilla agissant à l’échelle de l’Europe : ce sont notamment Jean-Marc Rouillan, Nathalie Menigon, Joelle Aubron et Georges Cipriani qui gardent quant à eux l’appellation Action Directe.

En Europe on observe un schisme similaire où les GRAPO espagnols et les CCC de Belgique représentent la première tendance. Pour comprendre leur démarche, on peut consulter le site internet des CCC14 sur lequel se trouvent de très nombreux documents relatifs à leur histoire. La brochure La flèche et la cible 15, publiée en 1994, donne un aperçu du projet défendu par cette tendance. Certaines questions abordées ne sont plus d’actualité mais permettent tout de même de saisir leur stratégie. La lecture de cette brochure peut être complétée par un riche entretien accordé par Bertrand Sassoye au Laboratoire d’Urbanisme Insurrectionnel et disponible en ligne16.

La tendance frontiste a produit elle aussi des textes de référence. On peut citer entre autres la déclaration d’alliance de la RAF et d’AD, Pour l’unité des révolutionnaires en Europe de l’ouest 17. On peut également lire l’entretien accordé par des militants de la RAF au journal Zusammen Kämpfen en 198518 ainsi que les articles du journal l’Internationale qui a publié plusieurs textes émanant d’organisations armées de la décennie 1980 et posant les jalons de la stratégie frontiste. Enfin on se référera au très bel ouvrage d’Anne Steiner et de Loïc Debray cité précédemment ainsi qu’à Infinitif présent 19, un témoignage de Jean-Marc Rouillan dont certains passages reviennent sur l’histoire d’Action Directe et sur les liens développés avec la RAF.

La fin de la décennie 1980 marque la défaite militaire de tous ces groupes. S’ouvre alors un autre épisode de leur histoire mais cette fois-ci à l’ombre des murs. Certains sont restés enfermés plus de vingt ans et ont publié des témoignages. On peut évidemment citer les ouvrages de Jean-Marc Rouillan qui sont certainement les plus connus20 mais d’autres militants ont également écrit sur la prison. J’invite chacun à lire les ouvrages de Régis Schleicher21, un ancien militant d’Action Directe ainsi le très beau texte d’Hellyette Bess Fleury brûle-t-elle ? 22. Enfin la prison ne les a pas empêchés de continuer à développer leur corpus idéologique à travers diverses publications comme Textes de prison 23 publié en 1997, Le prolétaire précaire24 paru en 2001 ou encore l’ensemble des articles publiés dans la revue Front dès 1992.

Pour aller plus loin, compléter certains aspects non-traités ci-dessus (notamment l’influence de l’anti-franquisme sur une partie de l’extrême gauche française de l’après 68) et contextualiser certains des textes cités, on pourra lire :

– Octavio Alberola, Ariane Gransac, L’anarchisme espagnol. Action révolutionnaire internationale, Paris, Christian Bourgois Éditeur, 1975.

– Nanni Balestrini, Primo Moroni, La horde d’or. La grande vague révolutionnaire et créative, politique et existentielle, Italie 1968-1977, Paris, Édition L’éclat, 2017.

Voilà une synthèse très riche sur ce qu’ont été les années 68 en Italie. Les auteurs ne se limitent pas à la lutte armée ou à l’Autonomie mais essayent de rendre compte de l’ensemble des expériences marquantes de l’époque. L’ouvrage, très dense, d’environ 600 pages, propose aux lecteurs de très nombreux documents d’archives : textes politiques, fanzines, chansons, quelques photographies. C’est à la lecture de ce texte que l’on prend la mesure de l’attractivité que pouvait avoir l’Italie sur l’extrême gauche européenne de l’après 68. Les auteurs commencent en 1968 pour terminer sur les six mois d’agitation qui ont marqué l’année 1977. L’ouvrage permet d’appréhender toutes les facettes de la contestation italienne de la décennie 1970. Il peut être complété par les innombrables témoignages qui reviennent sur cette séquence.

– Fanny Bugnon, Les « amazones de la terreur ». Sur la violence politique des femmes, de la Fraction armée rouge à Action directe, Paris, Éditions Payot, 2015.

Fanny Bugnon est maîtresse de conférences en histoire du genre à l’Université Rennes-2. Cet ouvrage est une reprise de sa thèse soutenue en 2011 à l’Université d’Angers. Dans une perspective de genre, ses travaux se penchent sur Action Directe et la RAF (Rote Armee Fraktion). Il est novateur de questionner le genre dans l’approche d’un tel sujet. Cela permet de démonter l’ensemble des présupposés qui touchent les militantes des groupes armés. Fanny Bugnon se détache des portraits types dressés par la presse et trop souvent réducteurs. Il s’agit de revenir sur l’engagement de ces femmes au prisme de la multiplicité de leurs trajectoires. Surtout l’auteure se détache des visions psychologisantes qui réduisent généralement l’initiative des militantes à une faiblesse d’esprit. Les sources utilisées motivent également mon choix. Fanny Bugnon s’appuie sur de nombreuses coupures de presse qui témoignent du discours développé à l’époque pour décrédibiliser à tout prix les organisations armées et leurs militantes. Plus qu’une offensive contre la lutte armée, c’est une offensive qui met en accusation le féminisme, élément qui est d’ailleurs développé dans l’une des sous-parties. L’ouvrage fournit également une excellente bibliographie permettant au lecteur d’étayer ses connaissances sur la lutte armée en France et en Allemagne.

– Hazem El Moukaddem, Panorama des groupes révolutionnaires armés français, de 1968 à 2000, Marseille, Al Dante, 2013.

Cet ouvrage d’environ 300 pages est la reprise d’un mémoire de maîtrise. Il porte un regard assez large sur plusieurs groupes armés français. Dans un style très factuel, Hazem El Moukaddem parvient à mettre en évidence la variété des expériences armées qui se sont développées sur le territoire français de 1968 à 2000. Un corpus archivistique étoffé illustre parfaitement son propos. Ces archives permettent notamment au lecteur de comprendre en partie la démarche des différentes organisations évoquées ainsi que d’échapper aux constructions téléologiques qui minent généralement les nombreuses réflexions actuelles sur ces groupes.

– Jean-Gabriel Périot, Une jeunesse allemande. Allemagne 1965-1977, de la bataille des images à la lutte armée, Paris, Local films, 2015.

Il s’agit cette fois-ci d’un documentaire réalisé en 2015 qui revient sur l’émergence de la RAF. Le réalisateur s’est appuyé uniquement sur des images d’archives pour le réaliser. D’une part, cela représente un énorme travail de collecte et de montage. D’autre part, il nous permet de visionner des films inédits mettant en scène les militants de ce que certains appellent péjorativement « la bande à Baader ».

– Paolo Pozzi, Insurrection 1977, Paris, Éditions Nautilus, 2010.

Cet ouvrage reprend un manuscrit rédigé initialement en 1982 par Paolo Pozzi lors de son incarcération au Quartier de Haute Sécurité (QHS) de Fossombrone en Italie. Ce témoignage complète très bien La horde d’or. Il ne se focalise pas sur la question des armes mais tente de mettre en évidence l’ensemble des éléments caractérisant sa vie militante de l’époque.

– Jann-Marc Rouillan, De mémoire (1). Les jours du début : un automne 1970 à Toulouse, Marseille, Éditions Agone, 2007.

– Jann-Marc Rouillan, De mémoire (2). Le deuil de l’innocence : un jour de septembre 1973 à Barcelone, Marseille, Éditions Agone, 2009.

– Jann-Marc Rouillan, De mémoire (3). La courte saison des GARI : Toulouse 1974, Marseille, Éditions Agone, 2011.

Ces trois ouvrages autobiographiques permettent de saisir une époque à travers la trajectoire de Jean-Marc Rouillan. Ancien militant d’Action Directe, il entre dans le bain de la contestation en Mai 68. Dans le premier tome, il revient sur l’année 1970 et l’ambiance post-soixante-huitarde qui rythme alors Toulouse. Marqués par les émeutes du quartier latin et l’héritage de la guerre civile espagnole, les jeunes militants toulousains s’aguerrissent dans des combats de rue les opposant à la police et à l’extrême droite. À la pratique se joint l’apprentissage politique, notamment lorsqu’ils rencontrent et discutent avec des exilés de la guerre d’Espagne. Ces témoignages permettent de percevoir de l’intérieur la gestation et l’organisation de plusieurs groupes armés qui ont marqué le paysage politique français de la décennie 1970.

– Isabelle Sommier, La violence politique et son deuil. L’après 68 en France et en Italie, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008.

Une très bonne étude comparative interrogeant la violence politique pratiquée par les mouvements italiens et français de la décennie 1970. On retrouve plusieurs organigrammes qui permettent de cerner avec justesse la filiation de chaque groupe. Cet outil s’avère particulièrement nécessaire pour l’Italie des années de plomb où apparaissent de très nombreux sigles. Le lecteur peut aussi s’appuyer sur une chronologie étoffée et des notices qui reviennent précisément sur l’histoire de la plupart des organisations citées. La bibliographie fournie en conclusion complète efficacement l’ouvrage. Ce travail est essentiel pour comprendre l’émergence, le fonctionnement et le rapport à la violence révolutionnaire de l’extrême gauche de l’après 68.

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  1. Régis Debray, Révolution dans la révolution ?, Paris, Éditions Maspero, 1967. []
  2. À ce sujet, voir Raymond Marcellin, L’Ordre public et les groupes révolutionnaires, Paris, Plon, 1969, p. 45. Le renforcement de certains groupes armés de l’époque se comprend aussi comme la conséquence directe de la réaction du pouvoir. À cet égard, on peut se pencher sur l’exemple allemand à travers les débuts de la Rote Armee Fraktion (RAF). Voir Anne Steiner, Loïc Debray, Anne Steiner, Loic Debray, RAF. Guérilla urbaine en Europe occidentale, Paris, Éditions l’échappée, 2006. Il serait d’ailleurs intéressant de voir si l’affaire Tarnac n’a pas provoqué le même type d’engouement à propos du Comité Invisible. []
  3. Ernesto Che Guevara, La guerre de guérilla, Paris, Éditions Maspero, 1962. []
  4. Carlos Marighella, Manuel du guérillero urbain, Paris, Éditions Libertalia, 2009. On lira dans cette réédition la passionnante préface de Mathieu Rigouste. []
  5. Jann-Marc Rouillan, De mémoire (2). Le deuil de l’innocence : un jour de septembre 1973 à Barcelone, Marseille, Éditions Agone, 2009, p. 21. []
  6. À ce sujet voir Emmanuelle Loyer, « Sous les pavés, la Résistance. La Nouvelle Résistance populaire, appropriation et usages de la référence résistante après Mai 1968. » in Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Anne Simonin, Jean Quellien, Pourquoi résister ? Résister pour quoi faire ? Centre d’histoire de Sciences Po, CNRS Éditions, 2004. []
  7. Alain Geismar, Serge July, Erlyn Morane, Vers la guerre civile, Paris, Éditions et publications premières, 1969, p. 362. []
  8. Cahiers Prolétariens n°1. Élargir la résistance, Paris, 1971, p. 29. []
  9. La « bande à Baader » ou la violence révolutionnaire, Paris, Éditions Champs Libre, 1972. []
  10. Autonomie et Autodéfense, supplément à Camarades n°4, mai 1977. []
  11. À paraitre prochainement, Jann-Marc Rouillan, Dix ans d’Action Directe (1977-1987), Marseille, Éditions Agone, 2018. []
  12. Action Directe, Pour un projet communiste, Bruxelles, Docom, 1982. Action Directe, Sur l’impérialisme américain, Bruxelles, Docom, 1982. []
  13. Aurélien Dubuisson, Le baptême du feu : la genèse d’Action Directe, les premières arrestations et l’amnistie de Mitterrand. (1979-1982), Paris, Éditions Libertalia, 2018. []
  14. http://www.cellulescommunistescombattantes.be/ []
  15. CCC, La flèche et la cible, 1994 : disponible ici : http://www.cellulescommunistescombattantes.be/fleche.htm []
  16. Entretien avec Bertrand Sassoye, Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel, 2013. http://laboratoireurbanismeinsurrectionnel.blogspot.fr/2013/10/belgique-cellules-communistes_31.html []
  17. Action Directe, Fraction Armée Rouge, Pour l’unité des révolutionnaires en Europe de l’ouest, janvier 1985. []
  18. http://lesmaterialistes.com/fraction-armee-rouge-interview-raf-zusammen-kampfen-1985 []
  19. Jann-Marc Rouillan, Infinitif présent, Paris, Éditions La Différence, 2010. []
  20. Notamment Jean-Marc Rouillan, Je hais les matins, Paris, Éditions Denöel, 2001. []
  21. Notamment Régis Schleicher, Clairvaux, instants damnés, Paris, L’Éditeur, 2010. []
  22. Collectif, Y’a du baston dans la taule, Paris, Éditions l’insomniaque, 2001. [Disponible en ligne] []
  23. Action Directe, Textes de prison 1992-1997, 1997. [Disponible en ligne] []
  24. Joëlle Aubron, Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan, Régis Schleicher, Le prolétaire précaire. Notes et réflexions sur le nouveau sujet de classe, Béthines, Éditions Acratie, 2001. []
Aurélien Dubuisson