Danses prolétariennes et conscience communiste

Le monde de la danse et le mouvement communiste n’ont pas toujours été indifférents l’un à l’autre. Dès 1921, Isadora Duncan et sa troupe jouaient une chorégraphie en Russie soviétique, au Bolchoï (Lénine faisait partie des spectateurs). Dans le droit fil de Duncan et à travers le syndicalisme, des compagnies de danse ouvrière ont vu le jour aux États-Unis, sous l’influence du parti communiste. Très féminisées, ces troupes proposaient non seulement un espace d’expression et de sociabilité au mouvement communiste, elles donnaient forme à divers récits de parti, comme la solidarité interraciale ou l’émancipation des femmes. Mais ces danses débordaient aussi leur contenu doctrinal, à travers des métaphores anti-industrielles, ou une emphase sur le travail domestique réalisé par les femmes ouvrières. L’activité artistique révèle ainsi la richesse théorique et idéologique des mouvements communistes, ou de leur dissidence.

[Audio] Rencontre-débat : « Décoloniser l’anarchisme » avec George Ciccariello-Maher

Il faut repenser l’anarchisme à partir du contexte non européen. C’est la conséquence que tire George Ciccariello-Maher de la cécité des mouvements libertaires occidentaux à l’égard des forces anti-étatiques en Amérique latine. Plutôt qu’un schéma doctrinal issu d’une tradition délimitée, il faut chercher l’anarchisme dans les pratiques d’insoumission et d’autodéfense populaires. C’était l’objet d’une conférence organisée par Période le 4 décembre dernier, ici disponible en téléchargement et en streaming.

Lire « Le Capital » après Louis Althusser : la centralité de la forme-valeur

Parfois, Le Capital de Marx est envisagé comme un livre d’économie classique. Il n’en est rien. Comme le rappelle John Milios dans ce texte, la rupture de Marx avec Ricardo et Smith est totale et irréversible. Marx déplace les questions posées. Loin de se contenter de présenter le travail comme source de valeur, il interroge la manière dont cette valeur nous apparaît : la monnaie, les prix, ces grandeurs abstraites qui semblent aller de soi. Milios confronte les intuitions des « nouvelles lectures de Marx » allemandes aux propositions d’Althusser et des auteurs de Lire le Capital. Il renoue en cela le fil d’un marxisme critique, résolument opposé à toute lecture économiste de Marx.