Nicole Loraux, historienne marxiste de l’Antiquité
La séparation entre les anciens et les modernes est un trait majeur de la pensée occidentale : politiques antiques et modernes n’auraient rien de commun. Dans ce texte, Gabriele Pedullà s’attache à montrer en quoi ce vieux cliché doit être démystifié. Pour ce faire, il revient sur le parcours de l’historienne Nicole Loraux et sur l’apport de Marx et Freud à une étude des représentations antiques. La séparation anciens/modernes repose sur l’idée que les Grecs se faisaient d’eux-mêmes : celle d’une grande civilisation ayant vaincu la discorde en son sein en faisant la guerre à l’extérieur. Ce récit mythique, indissociable d’une vision de la cité antique comme berceau de la civilisation occidentale, a été méticuleusement déconstruit par Loraux : la division et le conflit sont au principe de la vie collective. Pedullà rend ici hommage à la capacité de Loraux de faire parler les silences et les marges (femmes, esclaves) chez les anciens, pour mieux comprendre notre modernité.