Nicos Poulantzas : l’État comme champ stratégique

Lire Poulantzas est aujourd’hui une tâche qui s’impose. Théoricien marxiste de l’État largement ignoré, son apport est inestimable. Il représente la tentative la plus aboutie de penser le pouvoir politique en dehors d’une vision mécaniste. L’État n’est pas un simple « outil » des classes dominantes. C’est un champ conflictuel, où s’organisent, se recomposent, s’élaborent les stratégies du bloc au pouvoir. Il ne faut plus l’envisager comme un bloc monolithique, mais à travers la diversité de ses appareils administratifs, juridiques, culturels, éducatifs, policiers, idéologiques. Incorporant les intuitions de Foucault et Deleuze, Poulantzas nous invite à penser l’inscription des luttes populaires au coeur de l’État. Une telle perspective offre de puissants concepts stratégiques pour envisager la transition révolutionnaire. L’État ne sera pas brisé du jour au lendemain ; il y aura, de façon durable, une coexistence entre des luttes populaires et autonomes d’un côté, et des tentatives de transformation radicale des institutions de l’État bourgeois. Le dépérissement de l’État aura commencé avant le grand soir.