Représenter Octobre : entretien avec China Miéville
À l’occasion du centenaire de la révolution russe, China Miéville, romancier de fantasy et science-fiction de renommée internationale, s’est donné la tâche de restituer l’expérience de 1917 à travers un récit. Défiant la leçon de Fredric Jameson selon laquelle une révolution est irreprésentable, Miéville a tenté de donner toute son épaisseur à la complexité et à la contingence de l’événement révolutionnaire. En anticipant la sortie d’Octobre en français à l’automne 2017, Période a réalisé un entretien avec l’auteur. Miéville esquisse les traits marquants de son approche : le fait d’avoir donné toute son ampleur aux dimensions spatiales de la révolution, de décrire l’insurrection à Petrograd comme une révolution urbaine, d’essayer de suggérer une appréhension plus vivante des dirigeants bolchéviks ou sociaux-démocrates. Il s’avère qu’une traversée littéraire de la révolution est à même de donner à penser sur le plan stratégique, car elle nous fait vivre l’éclosion de subjectivités, l’émergence d’un agencement collectif qui lie les masses, la situation politique et sociale, les villes et ses boulevards, et les villages les plus reculés de l’empire russe.