Sur l’archéologie du savoir (à propos de Michel Foucault)
Qu’est-ce qui différencie une science d’une idéologie ? Cette question paraît d’un autre âge, relevant d’un scientisme suranné. Pourtant, l’idéologie dominante se nourrit constamment d’« idéologies théoriques », sédimentées à partir de démarches scientifiques ou ayant une prétention scientifique – la psychologie comportementale, l’économie, certaines lectures du darwinisme, etc. Dans ce texte de 1970, Dominique Lecourt rend compte d’un ouvrage de Michel Foucault, « L’Archéologie du savoir ». Il s’en saisit en marxiste et en disciple d’Althusser. Avec Foucault, science et idéologie se pensent dialectiquement. Les « discours théoriques » (ayant une prétention au vrai) d’une époque donnée imposent des règles et des régularités à la production scientifique, délimitant des objets de recherche, des problèmes à résoudre. Une appropriation marxiste de Foucault est dès lors possible, à condition de repérer la limite du philosophe : son incapacité à articuler son histoire des discours avec le reste de la société, l’économie, les idéologies politiques, juridiques et morales.