Red & Black à Haïti : entretien avec Matthew J. Smith

Le premier mouvement révolutionnaire haïtien à Saint Domingue, contemporain de la révolution française, est la phase la plus connue de l’histoire sociale d’Haïti, immortalisée par les Jacobins noirs de CLR James. Pourtant, de Toussaint Louverture à Fanmi Lavalas, Haïti a une histoire faite d’insurrections, de recompositions radicales, et de contre-révolutions tragiques. Dans cet entretien, Matthew Smith revient sur la séquence ouverte par le retrait des troupes américaines du pays en 1934. Il évoque le bouillonnement politique et culturel qui a suivi, de l’essor du communisme haïtien au mouvement noiriste ; il souligne combien le nationalisme s’est renouvelé dans ses années, dans le contexte des promesses non tenues de la « seconde indépendance » du pays. Il décrit cette fusion de forces subversives, influencées tant par la « conscience noire », le communisme ou le surréalisme, dans l’insurrection de 1946 qui renversé le régime de Lescot. Cette brillante reconstruction offre un autre récit de la sanglante dictature Duvalier, loin des clichés et du folklore autour des Tontons Macoutes, au plus près des intellectualités subalternes qui ont anticipé de plusieurs décennies le puissant réveil du Tiers Monde.