Les images clivantes du Vietnam. Stratégies et tactiques cinématographiques
La guerre du Vietnam représente sans doute le conflit militaire le plus populairement représenté au cinéma. De Full Metal Jacket à Voyage au bout de l’enfer en passant par Apocalypse Now, il n’existe peut-être pas de guerre qui ait autant une place dans l’imaginaire cinématographique collectif. Prenant à contre-pied cette tradition dominante, Thomas Voltzenlogel en montre les impensés et débouche sur une critique plus générale de l’image cinématographique. En s’appuyant sur un corpus expérimental, Voltzenlogel donne à voir une autre tradition de production et de montage des images ; cette tradition refuse précisément l’envahissement par le cinéma d’une réalité barbare, dont l’envers serait nécessairement un envahissement du cinéma par la barbarie. Chez Farocki ou Álvarez, le film participe à la déconstruction de l’archive ayant prise sur l’imaginaire visuel d’une époque, et propose un autre découpage du temps et des figures. Dans ces usages, le cinéma se réinvente comme lieu hétérogène à l’entreprise générale de normalisation de l’horreur, ou à la fatalité de l’ordre économique et social dominant.