« Administrer la sauvagerie » : généalogie de l’organisation État islamique

Suite aux meurtres de masse du 13 novembre 2015, la gauche anticapitaliste s’est globalement reconnue dans le mot d’ordre « leurs guerres, nos morts ». L’idée était d’imputer la responsabilité de la montée du djihadisme aux interventions occidentales. Pour Adam Hanieh, si cette spirale réactionnaire entre l’intervention impérialiste et l’ascension de l’État islamique est bien à l’œuvre, elle ne résume pas la situation au Moyen-Orient. Pour Hanieh, il faut revenir sur le projet, les motivations et la stratégie de l’ÉI pour en saisir la terrible rationalité – mais aussi les élans utopiques. Ce n’est qu’en saisissant ces logiques que l’on peut apprécier sa capacité d’attraction auprès des déshérités, son insertion dans les intrigues impérialistes locales et la possibilité d’une relève internationaliste.

Un pétrodollar. Du rêve

Les processus révolutionnaires qui ont cours dans le monde arabe depuis 2010 nécessitent d’être réinscrits dans l’économie politique de la région. Plus précisément, c’est le rôle clé joué par les monarchies pétrolières du Golfe, leurs liaisons avec l’impérialisme occidental, qui permet de mieux saisir certaines dynamiques politiques en cours. L’occasion pour Adam Hanieh de revenir sur les rapports de domination politiques et économiques qui structurent le Moyen-Orient.