Le ciné-capital : d’Ozu à Hitchcock. Entretien avec Jun Fujita.
L’oeuvre de Deleuze sur le cinéma a longtemps été écartée du corpus politique de ce dernier. Publiée tardivement, elle marque pour beaucoup le retour du philosophe à ses premières préoccupations esthétiques et contemplatives. Voire elle bouclerait le parcours deleuzien autour d’une même problématique idéaliste du sens et du virtuel. À rebours de ces interprétations, Jun Fujita propose, dans cet entretien mené par Sophie Coudray, de lire en Deleuze un penseur du ciné-capital. Cette proposition consiste à voir le cinéma comme une mise au travail des images, au-delà de leur évidente marchandisation. Fujita finit en outre par suggérer un devenir-revolutionnaire des images : au travers de Ozu, Godard, Straub-Huillet ou encore Spielberg, Fujita montre que le potentiel émancipateur des images consiste à enrayer, détourner, faire bégayer le ciné-capital. Sous ce regard, Fujita indique une voie neuve pour la critique, attentive tant aux dispositifs de production qu’à la résonance et aux échos de l’image ; il nous invite en outre, en tant que révolutionnaires ou militants, à regarder le cinéma (et à lire Deleuze) autrement.