Sur la violence révolutionnaire
Aujourd’hui comme hier, les luttes d’émancipation sont sommées d’exorciser leur prétendue « violence ». Au cœur des années 2000, à l’heure de l’altermondialisme et des mouvements antiguerre, l’agenda dominant entendait imposer la non-violence comme mot d’ordre : contre les résistances palestinienne et irakienne, contre les black blocs. Dans ce texte de 2003, le philosophe Georges Labica se saisissait de cette conjoncture pour rappeler un fait massif : la période était déjà sous le signe de la guerre globale et d’une mondialisation conquérante. La violence est du côté du système ; pour les opprimés et les exploités, elle est une réponse stratégique. « Les endormissements, les résignations, et les soumissions n’auront qu’un temps. Les conditions sont d’ores et déjà réunies pour qu’éclatent, aux endroits les plus inattendus, soulèvements de masse, insurrections, révoltes sanglantes ou actes “terroristes” que les bonnes consciences vilipenderont de leurs cris d’orfraies. »