Romano Alquati : de l’opéraïsme aux écrits inédits des années 1990

Les trajectoires militantes les plus connues de l’opéraïsme, celles de Negri et de Tronti, ont représenté deux projets radicaux de refonte de l’enquête militante : pour le premier, à travers les collectifs de l’Autonomie ouvrière, et pour le deuxième à partir de l’appareil du parti communiste. Une autre hypothèse a cherché à frayer ses voies dans les ténèbres de la défaite et du long hiver néolibéral : celle de Romano Alquati. Dans cet article, Gianluca Pittavino propose une reconstruction de la pensée alquatienne, du point de vue de celles et ceux, à l’intérieur du mouvement social, qui ont gardé un rapport actif à cet horizon théorique. Centré sur l’enquête comme « corecherche », Alquati a proposé une figure militante de type nouveau, transversale aux syndicats, partis, collectifs ; cette figure se doit de traquer, dans chaque recoin de la domination industrielle sur le travail vivant, les ressources, les savoirs, les émotions, que le capital n’a pas encore réussi à « avaler ». Sans se perdre dans certaines outrances liées à l’hypothèse du « capitalisme cognitif », Alquati a su penser la transformation en cours de la civilisation industrielle, et fournit des outils puissants pour travailler, lutter contre un système toujours plus proche de la barbarie.