Pour ou contre l’abolition des prisons
Face à la criminalisation toujours plus importante de la contestation sociale, il est urgent d’affronter politiquement la question des prisons. Faut-il les réformer ou bien les abolir? Si la première option est aveugle au rôle structurel que joue l’incarcération dans la gestion capitaliste et raciste des populations excédentaires, la seconde semble quant à elle utopique. Dans la revue Jacobin, ce débat a donné la parole au social-démocrate Roger Lancaster, pour qui la réforme des prisons devrait apparaître comme une finalité commune au mouvement. Dans ce texte, Richard Seymour revient sur cette controverse, et pointe les contradictions du réformisme carcéral, en interrogeant ce à quoi nous sommes spontanément « attachés » à travers l’idée de l’enfermement : l’idée d’un châtiment, d’une humiliation à la hauteur du tort subi. Réfutant cette « loi du talion » moderne, Seymour évoque les alternatives possibles à l’enfermement, mais aussi le risque constant que nos luttes anticarcérales finissent par être intégrées à l’ordre dominant et à sa gestion capitaliste des populations surnuméraires.