Des subalternes au pouvoir. Autour de la vague progressiste en Amérique latine
Quelques décennies après l’explosion académique des « études subalternes », plusieurs États latino-américains ont vu l’ascension au pouvoir politique de forces issues des classes et couches subalternes. D’après Robert Cavooris, ces épisodes révolutionnaires ont révélé les limites profondes du paradigme subalterniste. En effet, les hypothèses de ces courants théoriques reposent sur une lecture dualiste entre « subalternes » et « élites », entre multitudes et État. Que se passe-t-il quand les subalternes s’emparent (au moins en partie) de l’État ? Pour mieux saisir ces processus, Cavooris oppose aux subalternistes l’apport théorique de Nicos Poulantzas. Comprendre ce que font les subalternes dans l’État, c’est comprendre comment et dans quelle mesure l’État est transformable, traversé par des contradictions, et comment les subalternes travaillent ce terrrain pour leur propre compte.