« Vous qui bâtissez Sion dans le sang, Et Jérusalem dans l’injustice »

Où en est Israël aujourd’hui ? Comment comprendre les gesticulations diplomatiques autour du spectre d’un « État palestinien » ? Où va la lutte pour la libération de la Palestine ? Pour répondre à ces questions, l’illustre historien marxiste Perry Anderson brosse un tableau complet de la politique israélienne depuis les accords d’Oslo. Dénonçant ces accords comme une reddition sans principes, il tire aussi le fil des péripéties qui ont mené la direction palestinienne où elle en est aujourd’hui, au sein d’une Autorité palestinienne dont la mission essentielle est de collaborer avec l’occupant. De l’économie politique du sionisme à la campagne BDS, Anderson décrit un État hébreu aux abois, aujourd’hui plus puissant que jamais au Moyen-Orient, mais fragilisé par un besoin de maintenir sa légitimité auprès des grandes puissances. Dans ce contexte, le débat autour de la solution à deux États ou un seul n’est pas simplement académique. Anderson conclut de façon fracassante que la priorité du mouvement palestinien doit être aujourd’hui de dissoudre l’Autorité palestinienne, boycotter le parlement israélien et adopter la solution à un seul État, c’est-à-dire rien moins qu’une troisième intifada.

Jeter la première pierre : Qui peut, et qui ne peut pas condamner les terroristes ?

Qui peut condamner qui ? C’est à cette question, largement inexplorée dans la philosophie morale contemporaine, que Gerald Allan Cohen, figure emblématique du marxisme analytique, s’attache à répondre dans cet article afin de renouveler les termes du débat sur le terrorisme. Partant d’une déclaration de l’Ambassadeur d’Israël au Royaume-Uni, Cohen explore es différentes raisons pour lesquelles, dans certaines situations et indépendamment de toute prise de position sur la légitimé-illégitimité de l’usage du terrorisme comme réponse à un grief subi, le « droit de condamner » de certains acteurs peut et doit être remis en cause.

Nation, race et impérialisme dans la gauche allemande depuis la réunification

D’où viennent les Antideutsch ? Quelle a été la trajectoire de ce courant de la « gauche » allemande, célèbre pour son ralliement à Israël et son opposition à tout anti-impérialisme ? Selim Nadi revient sur le soutien accordé au cours des 20 dernières années par cette nébuleuse à différentes politiques nationalistes. À partir d’une analyse historique de la campagne « Nie Wieder Deutschland », de la seconde guerre du Golfe et de la guerre en ex-Yougoslavie, l’auteur retrace la généalogie du néo-nationalisme d’une partie de la gauche allemande.

Palestine et révolution arabe. Entretien avec Gilbert Achcar

Aux lendemains de la défaite arabe de 1967, les combattants palestiniens établis aux quatre coins du Moyen-Orient prennent la relève de la résistance à Israël. Entre la Jordanie et le Liban, les forces armées palestiniennes construisent jusqu’à la fin des années 1970 des rapports de force au sein des pays arabophones, tant et si bien que certaines fractions de la résistance se considèrent aussi comme les fers de lance d’une révolution arabe. Dans cet entretien, Gilbert Achcar fait le bilan de cette séquence politique – et commence par évoquer son mythe fondateur, la bataille du camp de Karameh, premier succès militaire du Fatah en Transjordanie dans un face à face avec quatre colonnes blindées israéliennes.

Antideutsch : sionisme, (anti)fascisme et (anti)nationalisme dans la gauche radicale allemande

Dans ce texte, Selim Nadi revient sur une mouvance singulière de la gauche radicale allemande. Appelée « Antideutsch », opposée à la réunification allemande et par conséquent à toute existence d’une entité étatique allemande comme source d’un potentiel « quatrième Reich », elle s’oppose avec véhémence à toute forme d’anti-impérialisme et prône un soutien sans failles à la politique de l’État d’Israël. Une mouvance désormais minoritaire certes, mais dont l’idéologie ne semble pas sans influence. L’occasion pour Selim Nadi d’interroger certaines ambiguïtés de la gauche allemande et européenne quant à la question de la nécessaire lutte anti-impérialiste.