Le savant et le militant. Rationalité, Islam et décolonisation chez Maxime Rodinson

Intellectuel hors-norme Maxime Rodinson est surtout connu pour sa magistrale étude Islam et capitalisme (1966) et a également eu une intense activité militante, notamment au sein du Parti Communiste Français, dont il fit partie de 1937 à 1958. Dans cet article, Selim Nadi revient sur les rapports entre activité scientifique et engagement politique chez Rodinson à travers son analyse des possibilités tactiques et stratégiques qu’offrait l’Islam dans les luttes anticoloniales. De la lutte de libération nationale algérienne au dialogue de Rodinson avec Edward Said, en passant par la Révolution iranienne de 1979, cet article se propose de revenir sur les défis auxquels a dû faire face Rodinson dans son effort pour penser et accompagner les processus révolutionnaires dans les pays musulmans.

Syndicalisme, sexualités et antiracisme au pays de l’Oncle Sam. Les États-Unis de Daniel Guérin

Quoique laissent penser certains discours encore trop répandus dans la gauche radicale, la question des rapports politiques à nouer entre les luttes contre le capitalisme, contre le racisme et contre l’hétéronormativité n’est pas neuve. En France, elle a notamment été posée dès les années 1950 par Daniel Guérin – figure majeure du mouvement ouvrier comme du combat homosexuel et anticolonial – dans l’ouvrage qu’il rédigea suite à son séjour étatsunien : Où va le peuple américain. Revenant sur cet ouvrage, Selim Nadi fait apparaître ici les grandes lignes d’une politique d’émancipation unitaire qui, parce qu’elle n’abstrait jamais la question raciale et la question sexuelle des rapports sociaux de classe, s’avère constituer une « source d’inspiration inépuisable pour la gauche anticapitaliste ».

Nation, race et impérialisme dans la gauche allemande depuis la réunification

D’où viennent les Antideutsch ? Quelle a été la trajectoire de ce courant de la « gauche » allemande, célèbre pour son ralliement à Israël et son opposition à tout anti-impérialisme ? Selim Nadi revient sur le soutien accordé au cours des 20 dernières années par cette nébuleuse à différentes politiques nationalistes. À partir d’une analyse historique de la campagne « Nie Wieder Deutschland », de la seconde guerre du Golfe et de la guerre en ex-Yougoslavie, l’auteur retrace la généalogie du néo-nationalisme d’une partie de la gauche allemande.

Antideutsch : sionisme, (anti)fascisme et (anti)nationalisme dans la gauche radicale allemande

Dans ce texte, Selim Nadi revient sur une mouvance singulière de la gauche radicale allemande. Appelée « Antideutsch », opposée à la réunification allemande et par conséquent à toute existence d’une entité étatique allemande comme source d’un potentiel « quatrième Reich », elle s’oppose avec véhémence à toute forme d’anti-impérialisme et prône un soutien sans failles à la politique de l’État d’Israël. Une mouvance désormais minoritaire certes, mais dont l’idéologie ne semble pas sans influence. L’occasion pour Selim Nadi d’interroger certaines ambiguïtés de la gauche allemande et européenne quant à la question de la nécessaire lutte anti-impérialiste.