La théorie marxiste et les origines de la Première Guerre mondiale

En France pour son centenaire, la bataille de Verdun revient sur le devant de la scène. Dans ce contexte, les discours sur les origines de la Grande guerre se divisent en deux tendances : une explication géopolitique qui met en avant la responsabilité partagée de tous les belligérants, et une explication sociologique selon laquelle l’Allemagne est la coupable principale. Alexander Anievas entend dépasser cette aporie à l’aide de la théorie du développement inégal et combiné de Trotsky. Contrairement à la focalisation marxiste traditionnelle qui pense la lutte de classe et l’impérialisme dans les limites d’un mode de production relativement homogène, ce texte propose une explication solide des origines de la guerre à travers la nature entremêlée des processus socio-historiques de formation de classe et d’État.

Pour une critique radicale de l’eurocentrisme : entretien avec Alexander Anievas et Kerem Nisancioglu

Selon le récit dominant, l’origine du capitalisme est un processus fondamentalement européen : ce système serait né dans les moulins et les usines d’Angleterre ou sous les guillotines de la Révolution française. Le marxisme politique ou encore l’analyse en terme de système-monde n’échappent pas non plus à ce pli eurocentriste. Dans How the West Came to Rule (2015), Alexander Anievas et Kerem Nisancioglu se ressaisissent de la théorie du développement inégal et combiné développée chez Trotsky pour mettre en valeur le rôle décisif des sociétés non-occidentales dans l’émergence du capitalisme. Ils offrent ainsi une théorie internationaliste et non-ouvriériste du changement social.