Hegel ACAB

Selon les lectures canoniques, Hegel est connu comme un précurseur important de Marx, dont l’exaltation républicaine de jeunesse a cédé le pas au conformisme politique de la vieillesse ; inventeur d’une méthode révolutionnaire, la dialectique, Hegel aurait reculé face aux conséquences de sa doctrine, pour embrasser le christianisme et la monarchie prussienne. Ce récit, nourri y compris par ses successeurs directs (jeunes hégéliens), était en grande partie le fruit d’un travail patient d’autocensure. Dans ce texte de 1967, Jacques D’Hondt donnait à voir un Hegel surveillé par les autorités policières prussiennes, tissant des liaisons compromettantes avec les opposants au régime. Dans un style brillant, D’Hondt restitue par la force de l’anecdote les stratagèmes par lesquels le philosophe allemand effaçait ses traces et trompait la surveillance policière. Paradoxalement, les « méfaits » de Hegel sont aujourd’hui d’authentiques motifs de réhabilitation, et invitent à une lecture toute autre, entre les lignes, du grand dialecticien.