L’extraction du commun, paradigme du capital

Michael Hardt, aux côtés de Toni Negri, a été l’un des théoriciens d’un paradigme fortement controversé, celui des « multitudes » et du capitalisme cognitif. Longtemps caricaturé comme ayant abdiqué face aux idéologies néolibérales de la « fin de la classe ouvrière », Hardt souligne ici non seulement les origines proprement marxistes de ses propres élaborations, mais il en illustre également la fécondité. Contre des lectures trop mécanistes de l’idée d’une succession d’étapes (capitalisme industriel puis post-industriel), Hardt propose ici une articulation dialectique entre subsomption formelle et subsomption réelle, qu’il met au centre d’un concept de capital comme extraction du commun. Il donne par ailleurs, de façon salutaire, une déclinaison stratégique à ces élaborations, en montrant la rencontre entre le chemin mené aux côtés de Negri, et les théories du capitalisme racial et du capitalisme partriarcal. Sous cet angle, la grève sociale devient un horizon réellement transformateur et profondément ancré dans une compréhension fine des dimensions multiples de l’accumulation capitaliste.