Le paradoxe de la social-démocratie : l’exemple des États-Unis
Qui n’a jamais entendu un camarade défendre la nécessité de « travailler de l’intérieur » dans la social-démocratie ? Aux États-Unis, le débat autour de Bernie Sanders a vu se déployer une nouvelle fois cette antienne d’une partie du mouvement radical : pousser la social-démocratie sur sa gauche pour renforcer les luttes. Dans cet article devenu classique, Robert Brenner expose dans le menu détail l’impossibilité de mener une telle politique. Il dégage ainsi des dynamique structurelles du réformisme, qui le rendent particulièrement résistant aux tentatives de « gauchisation », mais aussi les épisodes historiques de radicalisation à gauche et de canalisation social-démocrate aux États-Unis. Brenner singularise avec une extrême précision les traits dominants du réformisme : une attitude spontanée du prolétariat, des dirigeants syndicaux et une classe moyenne noire dont la priorité n’est pas l’action de masse mais la poursuite de la prospérité. En définitive, le réformisme bute toujours sur une question simple : refusant de se mesurer au pouvoir du capital, la réforme doit toujours se subordonner à la bonne santé des capitalistes. L’alternative réforme/révolution se réduit en fait à celle-ci : ou bien imposer les besoins radicaux du prolétariat, ou bien s’accommoder des caprices du taux de profit.