En 1983, la révolution palestinienne est à un tournant. Après deux séquences insurrectionnelles défaites, la Jordanie (1970) et le Liban, les combattants palestiniens, contraints d’évacuer Beyrouth, laissant femmes et enfants à la merci des massacres de l’extrême droite libanaise et de l’occupation israélienne, sont à la croisée des chemins. Pour Georges Habache, alors dirigeant de l’une des plus importantes factions à gauche de l’OLP (le FPLP), il y a deux voies : celle, d’une part, de l’anti-impérialisme combattant, basé sur l’indépendance des masses populaires arabes, sur l’articulation entre libération nationale palestinienne et libération nationale arabe, sur l’appui des régimes nationalistes bourgeois qui, malgré leurs limites, apportent un soutien militaire et logistique à la révolution ; d’autre part, il y a les courants droitiers adeptes d’une « solution politique », du plan Reagan, et d’un appui du côté des régimes réactionnaires arabes (saoudiens et égyptiens). Habache prend ici le soin de réaffirmer deux choses : la nécessité de réarmer théoriquement et politique la lutte des Palestiniens, et l’importance d’un débat démocratique, sans effusion de sang au sein de l’OLP, le maintien de l’unité des Palestiniens. C’est cette voie étroite, entre unité des factions nationales palestiniennes, et indépendance combattante et anti-impérialiste des masses populaires, qui fait tant écho aujourd’hui.